Kallawaya

Le terme Kallawaya signifie « porteurs de plantes». Les Kallawaya sont des guérisseurs itinérants qui parcourent les terres andines depuis plus de 1600 ans. 
 
Les Kallawaya sont connus pour être des voyageurs énigmatiques, qui suscitent crainte et admiration. Beaucoup de questions se posent sur leurs origines, leur relation avec les Incas et leur culture.

Les Kallawaya réalisaient des chirurgies du cerveau dès 700 après JC et savaient avant les européens comment prévenir et traiter le paludisme avec la quinine. Ils ont aussi aidé à sauver des milliers de vies pendant la construction du canal de Panama en s’y rendant sur place pour soigner les travailleurs.


Le terme Kallawaya désigne :
- un homme médecin originaire de la région (actuellement au nord de la Bolivie)
- avec de grandes connaissances des plantes médicinales, 
- voyageur itinérant dispensant ses soins, 
- dont ses savoirs lui ont été transmis de manière empirique 
- qui maîtrise le Machay Jujay (langue propre mélange de Puquina et de Quechua)
- et les rituels de guérison

Depuis 2003 le peuple Kallawaya est reconnu au patrimoine culturel immatériel de l'humanité (UNESCO).
Situé au nord de la Bolivie, les Kallawaya, comme beaucoup de peuples andins, dialoguent avec les éléments naturels. Ils savent écouter et interpréter les manifestations et les changements de la nature. Les changements de couleurs de la montagne, la présence de tel ou tel oiseau, la disposition des étoiles sont des repères pour la vie de tous les jours. La nature immense de la cordillère des Andes abrite des divinités et des esprits. Quand ceux-ci se manifestent, les hommes savent leur parler, pour apaiser leur colère ou solliciter une faveur par les prières, les rituels, la musique. La Pachamama, la « Terre Mère » en Quechua, est la source de toutes les formes de vie. L’Homme n’est qu’un prolongement naturel de la Pachamama.

Pour "ceux qui portent des plantes sur leur dos", la santé (bonne ou mauvaise) est un état global où se mélangent psychologie et physique de l’individu, en relation avec son environnement social et naturel. Leur conception de la santé intègre donc la nature, nature qui ne fait pas parti du concept actuel de santé en occident. En effet l'OMS définit depuis 1946 la santé comme « un état de complet bien-être physique, mental et social, qui ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité ».
 
En Bolivie, la région Kallawaya s’étale sur trois niveaux écologiques :
- les forêts sub-tropicales, 1700–2700 m d’altitude (pre-yungas) où l’on cultive agrumes, coca, canne à sucre
- les hautes vallées, 2700–3800 m d’altitude où l’on trouve céréales, légumes et plusieurs sortes de pommes de terre (villages Kallawaya)
- l’altiplano, 3900–4400 m d’altitude, zone désertique et aride où l’on pratique l’élevage de lamas et d’alpacas

D’après les Kallawaya pour être en bonne santé, "il faut donner à manger la montagne". Les Hommes recherchent un équilibre avec la Terre au travers des rituels et des offrandes, sorte de repas donné à la Pachamama. Dans ces rituels, les trois niveaux écologiques sont représentés : 
- fœtus et graisse de lama pour l’altiplano
- œillets pour les hautes vallées
- coton et des feuilles de coca pour la région sub-tropicale
Chaque étage écologique doit être représenté par un groupe d’aliments pour que la montagne soit satisfaite et donne la santé aux hommes.

Au-delà de l’aspect ethno-folklorique du concept de santé, la relation symbolique entre les hommes et ces niveaux écologiques offre une alimentation relativement complète et variée, facteur fondamental pour prévenir les maladies. En effet, c’est bien dans la prévention que se situe toute la force de la médecine Kallawaya. Ainsi, l’origine de la maladie ne se cherche pas uniquement dans l’organisme du patient, mais dans l’ensemble de ses relations avec son travail, sa famille, ses activités quotidiennes.